Chapitre 1/5

Niniche : une histoire au goût de l'enfance.

Au petit mat’ la journée fut, à mon plus grand malheur, une nouvelle fois tout ce qu’il y a de plus journée qu’au début, j’avais décidé de ne rien en faire (donc j’en avais rien fait). Bon ! quand j’en ai eu marre il a tout de même bien fallu trouver autre chose du coup, j’ai rien fait encore, mais c’était mieux (puisque j’avais l’impression de faire quelque chose de différent). Le temps passait donc de cette façon, les mois, les années même, n’arrivant pas à admettre qu’un jour (et sans n’avoir rien fait) je deviendrai vieux… De toute manière, comment était-il possible d’être plus vieux que je ne l’étais alors, moi qui avait l’impression d’être déjà au bout du bout ? Après l’enfance, tout est plus encombrant, que je me disais, et de l’enfance : tout oublié. C’est qu’on a le temps de réfléchir (même mal), quand on ne fait rien. 

Histoire de me bercer encore un peu dans l’illusion que l’été n’était pas tout à fait fini, j’avais décidé de passer tout l’hiver avec de ces lunettes de soleil Papillon extra-larges aux verres polarisants (Catégorie UV 3), branches en écaille, fournies avec étui & chiffon de nettoyage. Ça me donnait des airs de rockstar mais surtout un côté vachement débile même si, dans le fond, je m’en fichais un peu. Au petit bar PMU du bourg j’avais mes copains & mes habitudes (sponsorisées par la française des jeux). L’odeur beurk du tabac froid imprégnait les murs verdâtres malement éclairés par des lumières on ne peut plus glauques que l’on ne savait jamais vraiment si l’on était en plein jour ou en pleine nuit. Moi, et même si ça puait pas mal le vioque (faut être honnête), je trouvais l’endroit assez rassurant qu’en plus, la patronne était agréable ! Enfin… de toute manière, j’y restais jamais vraiment longtemps non plus car à terme, on s’y ennuyait mal. 

 Sur la grande place la plupart des commerces avaient mis la clé sous la porte si bien qu’il ne restait plus que la boulangerie de Madame Guillot qui ouvrait un peu au hasard (comme c’est souvent le cas dans les bleds de province). Dans certaines ruelles je reconnaissais, à m’y reprendre à deux fois quand même, les visages d’anciens camarades de classe qui, eux non plus, n’avaient pas réussi à se payer un morceau d’ailleurs, même que c’était au moins aussi triste qu’on peut se l’imaginer... On se saluait à chaque fois d’un bon hochement de tête bien qu’avec le temps, cela ne voulait plus dire grand chose. 

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Niniche : une histoire au goût de l’enfance.

Niniche : une histoire au goût de l’enfance.

Par Enfant-Pouète