Chapitre 3/5

Niniche : une histoire au goût de l'enfance.

« Tandis que les vagues claquaient sur les rochers abrupts ! » que je m’étais exclamé dans ma barbe sans m’en rendre tout à fait compte. Ce n’est qu’à midi passé que je pu remettre un nom sur les paysages alentours, déambulant encore sur le sable qui n’était alors plus mouillé du tout. Le phare me paraissait : moins, qu’à l’époque… Si j’arrivais à me hisser tout en haut, peut-être qu’avec chance, la chute me serait fatale…?

Sur le chemin du retour, à l’autre bout du phare on allait acheter des Niniches, la meilleure confiserie des meilleures confiseries, une pâte molle entremêlée tout en sucre autour d’un bâton : un espèce de nuage au goût de l’enfance. On rentrait avant minuit alors que Solange & ma tante buvaient, à petites gorgées, des plantes en infusion devant le poste de télévision…. Brossage de dents, pis au lit.  Au club, le matin, on faisait les activités... La pêche aux crabes, si le temps le permettait (tout à l’opposé du phare que c’était) ou encore la thèque, les relais-sucettes, le foot… Pendant les deux uniques semaines de l’année où notre bande existait, rien d’autre que nous n’avait de l’importance : « On est les Aiglons… ON EST LES AIGLONS ! Les plus beaux des aiglons, LES PLUS BEAUX DES AIGLONS… On est les Aiglons… ON EST LES AIGLONS ! Les plus forts des Aiglons, LES PLUS FORTS DES AIGLONS ! On est les Aiglons…». Il y avait Tonio ; celui qui éclaboussait le mieux, petit-Luc, l’boudeur pour un oui pour un non, Fanette, qu’avait gagné haut la main l’épreuve du saut en longueur cette année-là pis évidemment, mon grand copain, Félix. Un jour, petit-Luc arriva de l’autre bout de la plage tout essoufflé : « J’ai fait une grosse bêtise… les gars…. » avec ses cheveux bruns qui tombaient sur son front brillant de sueur. « Suis allé-allé dire aux As qu’on… les prenait quand ils voulaient à château contre mer + quelques noms d’oiseaux ensuite… Ils m’avaient bien cherché faut dire que… vous êtes avec moi, hein ? HEIN ! ». On s’est tous rejoint un peu plus tard, quand la mer commençait à monter et le plus grand de chez eux à énoncer les règles du jeu (son équipe derrière lui qui lançait des regards à faire peur) : « Une équipe de cinq, 15 minutes, montre en main, pour bâtir le château, pas l’droit de remettre du sable un fois le chrono arrêté pis, aucun ustensile autorisé ! L’équipe dont l’château coule avant l’autre a perdu ». Fanette, Tonio & moi on s’était allongé dans les vagues pour faire barrage, petit-Luc faisait la nique aux adversaires et Félix supervisait comme il pouvait la bande... Finalement, les As avait encore gagné, ils gagnaient toujours, les As enfin… ils étaient plus grands que nous alors, ça comptait pour du beurre (qu’on se disait).

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Niniche : une histoire au goût de l’enfance.

Niniche : une histoire au goût de l’enfance.

Par Enfant-Pouète